Site icon Le XV de départ

Ovale Citoyen – « Un raffut contre l’exclusion »

ovale citoyen un raffut contre l'exclusion rugby france xv de départ 15

Il y a quelques jours l’association Ovale Citoyen a été officiellement lancée. Parrainé par Raphaël Poulain, ce projet a pour but de monter une équipe de rugby composée de migrants, de SDF et « d’oubliés de la République ».

Elle a déjà tout d’une grande et pourtant cette association vient à peine d’être lancée. Jean-François Puech et son équipe ont un projet ficelé qui va devenir peu à peu palpable. L’idée est venue l’an dernier mais la rencontre avec Serge Simon, vice-président de la Fédération Français de Rugby il y a quelques mois, a accéléré le projet. La machine est en marche. Depuis la Fédération Sportive et Gymnique du Travail va permettre aux joueurs d’obtenir une licence et de les assurer pour la pratique du rugby. Plusieurs personnalités du monde du sport apportent leur pierre à l’édifice comme Raphaël Poulain ou encore Serge Betsen mais certaines familles politiques sont également venues au soutien. 

Un éventail politique assez large

De la mairie de Bordeaux à la France Insoumise en passant par le PS ou encore les Verts et le NPA, l’aide est venu de partout ou presque. En effet certains représentants de différents partis seront actifs au coeur de l’association. C’est le cas de Pierre Hurmic qui s’est joint au projet de Jean-François Puech pour mettre en lumière les valeurs du sport : « il faut dire qu’il n’y a pas que le sport spectacle. C’est aussi le sport pour tous, le sport éducatif, le sport populaire. » Un comité de suivi va être créé afin de surveiller le projet : « On a besoin de l’œil de gens qui ont l’habitude de gérer ce type de projet, nous on peut faire des erreurs et ils seront là pour nous recadrer et nous aiguiller au maximum » Jean-François Puech, co-président d’Ovale Citoyen.

Des joueurs sans terrain fixe…

Actuellement l’association recherche activement un terrain sur lequel l’équipe pourrait s’entraîner. C’est la priorité de tous les membres qui font face, pour l’instant, à certaines réticences « Pour moi qui vais avoir 50 ans, et qui ai commencé le rugby à 8 ans c’est extrêmement difficile d’admettre ça… Pour moi le rugby c’est l’ouverture ». Ces joueurs sans domicile fixe sont actuellement sans terrain fixe. L’équipe d’Ovale Citoyen recherche « un bout d’herbe » proche des transports en commun avec un vestiaire et un lieu pour proposer une collation à la fin des entraînements. Dans le cas où l’équipe ne trouverait pas de lieu, le premier entrainement de la saison aura lieu sur les quais de Bordeaux.

Une saison de préparation avant le grand bain

Ces joueurs, qui ont entre 16 et 26 ans, viennent d’horizons bien différents, si certains connaissent le rugby beaucoup, en revanche, n’ont jamais eu l’occasion d’essayer : 80% de nos joueurs n’ont jamais vu un ballon de rugby, on va leur apprendre la première année. Le but c’est qu’en début de saison 2019 cette équipe soit inscrite dans un championnat. Au-delà de ces entraînements l’association va accompagner ces jeunes personnes dans leur insertion. C’est en cela qu’elle se différencie. Ovale Citoyen va suivre ses joueurs dans leurs démarches administratives, sanitaires et professionnelles.

Raphaël Poulain au premier plan / Getty Images

Un parrain au parcours atypique

L’ancien trois-quart aile du Stade Français, triple Champion de France, Raphaêl Poulain a réagi très vite. En quelques minutes il a accepté de devenir le parrain d’Ovale Citoyen, pour lui c’était le bon moment de s’engager dans un tel projet. Désormais animateur de l’émission « Poulai Raffûte » sur Eurosport, l’ancien stadiste a traversé énormément de choses durant sa carrière. S’il a connu des heures de gloire à Paris, le revers de la médaille a été violent. C’est avec sa franchise naturelle qu’il s’est exprimé sur son implication :

Comment es-tu rentré dans ce projet ?

Assez naturellement. Cela faisait des années que je m’implique dans le monde du rugby même en entreprise pour remettre l’humain au centre des préoccupations managériales.  Cela fait parti de mon éducation, ma mère était assistante sociale, ma femme a bossé pour médecin sans frontières. Du coup j’avais besoin de me tourner vers les autres d’une manière un peu altruiste sans rien attendre en retour et de partager de ce que je suis. En un coup de fil et après cinq minutes j’ai répondu oui. Je serai là physiquement pour soutenir ce projet dont je suis très fier d’être le parrain.

Comment vas-tu t’impliquer ?

En venant sur les événements. Je pense que je serais là au premier entrainement. Pour l’apprentissage du français je pourrais mettre une cinquantaine de bouquins à disposition. Et puis voir ce que je peux faire sur Eurosport pour mettre en lumière ce genre d’initiatives ce que je fais d’ailleurs tous les jeudis sur Poulain Raffûte. En fin d’émission je parle toujours d’une association et bien là ce sera la mienne.

Au cours de la conférence de presse tu as dit que c’était la meilleure période de ta vie pour t’engager dans un projet peux-tu nous en dire plus ?

Aujourd’hui je suis père, je suis adulte et responsable donc il y a une vraie volonté de me tourner vers les autres sans rien attendre en retour. J’espère apporter mes compétences, ce que je suis et les valeurs que je veux incarner sans être trop intégriste mais intègre. Cela arrive à un moment de ma vie où mon frigo est plein, mon loyer est payé donc à partir de ce moment là je considère que j’ai de la chance. Autant la partager pour que certains puissent accéder à ce genres de conforts.