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Fickou, une course pour l’éternel

Grâce à une course rentrante d’école, Gaël Fickou bonifia tout le travail du XV de France pour arracher une victoire presque inespérée face au Pays de Galles.

Samedi, l’équipe de France s’est imposée dans les ultimes secondes de son duel face au Pays de Galles grâce à un essai de Brice Dulin, un essai longuement préparé avec pour point d’orgue un geste de grande classe de Gaël Fickou.

Avant de revenir sur l’action, rappelons le contexte. Alors que la France évolue à 14 et le Pays de Galles à 13, le capitaine Charles Ollivon vient de marquer l’essai de l’espoir. Les français doivent absolument marquer une nouvelle fois pour arracher une victoire bonifiée pouvant leur permettre de rester en course dans le Tournoi. Il reste quatre minutes, les Bleus repartent de leur camp, perdent le ballon sur en-avant, puis le récupèrent après une faute galloise. Depuis la ligne médiane, l’ouvreur Romain Ntamack ramène les siens dans le camp adverse grâce à une pénaltouche. Camille Chat assure le lancé et une action presque interminable démarre. A ce moment là, le palpitant s’emballe, prêt à rompre sur chaque prise de balle. Malgré la fatigue, l’apport du banc se fait sentir. Baptiste Serin calme les troupes et gère parfaitement le rythme de l’action. Tout le monde se démène pour garder la possession. La gonfle virevolte, se transmet sans tomber dans le fracas des corps. Les Bleus balayent une fois le terrain dans la largeur, puis une deuxième avant de repartir du côté droit de l’attaque.

A cet instant, Gaël Fickou, repositionné à l’aile après l’entrée d’Arthur Vincent, est au plus près de l’action. Il vient de toucher le ballon dans un « une deux » avec Damian Penaud. Après avoir amené le jeu près du bord de touche, Serin temporise. On constate que tous les gallois sont resserrés. Il n’y a plus de défense au delà des poteaux. Pour fixer un peu plus la défense, Serin demande à ses avants d’aller défier le rideau rouge pour la dixième fois de cette longue séquence. Une première cellule de trois joueurs vient monopoliser plusieurs défenseurs, le ballon sort vite. Serin transmet à Ollivon, lui-même entouré de deux hommes. Plusieurs choix s’offre alors au capitaine. Il peut aussi aller percuter puisqu’il a du soutien, il peut transmettre le ballon à l’un ou l’autre de ses soutiens mais il peut également servir son ouvreur resté dans l’ombre des avants depuis le début. Ainsi, Romain Ntamack hérite du ballon (2ème image), un passage prévu quelques secondes plus tôt puisque l’on aperçoit une communication entre Serin et Ntamack avant cette phase de jeu.

Par cette accélération du jeu, tous les défenseurs gallois présents sur la droite de la première image sont éliminés. A 13, ils ne peuvent combler les espaces au large. Sur la deuxième image ci-dessus, George North était même venu prêté main forte à deux coéquipiers pour faire face à la deuxième cellule. Cette prise de balle d’Ollivon a permis de fixer des adversaires et de laisser quelques instants supplémentaires à un Gaël Fickou qui s’était fait oublier tout ce temps. Désormais placé à la gauche de Ntamack, Fickou est servi dans le bon tempo par son ouvreur. Balle en main, le joueur du Stade Français décide de légèrement conserver le ballon pour fixer George North, un geste appris dès l’école de rugby qui permet aux joueurs en bout de ligne de jouer un deux contre un (voir ci-dessous).

Le pas de plus, pas celui de trop mais celui qu’il fallait pour créer le décalage en bout de ligne. Une course pour l’éternel. A la 82ème minute, Fickou a conservé toute sa lucidité pour jouer à la perfection cette séquence. Dans le même temps, Arthur Vincent, joueur à la gauche de Fickou, a également redressé sa course pour suivre son coéquipier. Dans un moment presque hors du temps, Fickou transmet le ballon et nous fait chavirer vers la suite, tout aussi bien jouée, de l’action. Résultat, le dernier défenseur qui n’était pas encore éliminé arrête sa course pour se concentrer sur Arthur Vincent. Le montpelliérain n’a même pas eu besoin de pousser sa course jusqu’à son vis-à-vis. Le gallois est battu. Vincent assure la dernière passe vers un Brice Dulin qui n’a plus d’opposition pour marquer l’essai de la victoire !