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6 Nations : Un effet Saracens sur l’Angleterre ?

Face à l’Écosse, les leaders du jeu anglais ont semblé en manque de forme au point de se demander si ces éléments principalement issus du club des Saracens ne ressentent pas déjà l’effet de plusieurs semaines sans compétition.

On avait laissé l’Angleterre victorieuse, dans la douleur, de l’Autumn Nations Cup à l’issue d’une finale rocambolesque face à une équipe de France fabriquée en quelques jours. Alors était-ce une victoire en trompe l’œil tant les anglais furent mis en difficulté ? Le Tournoi des 6 Nations nous apportera des réponses rapidement. Cependant, on peut déjà s’interroger sur la fraicheur de l’équipe. Contre l’Écosse, le XV de la Rose est resté quasiment mué marquant six petits points à Twickenham. Si quelques absences de marque, comme celles d’Underhill ou de Tuilagi pour ne citer qu’eux, peuvent expliquer une baisse de compétitivité, le manque de temps de jeu de certains cadres peut aussi être un début de réponse.

En effet, l’an dernier le club des Saracens, alors triple champion d’Europe en titre, a été sanctionné de plus de 6 millions d’euros d’amende et d’une relégation administrative pour avoir contourné le Salary Cap. De nombreux cadres de l’équipe ont décidé de rester en deuxième division pour remonter en Premiership le plus vite possible. Sauf qu’entre temps, une pandémie a complètement bouleversé l’organisation des compétitions sportives. Interrompue au printemps dernier, la Premiership ne s’est pas définitivement arrêtée comme le Top 14. La saison 2019/2020 a repris cet été pour se terminer fin octobre par une victoire d’Exeter en finale. Si la nouvelle saison de première division a démarré, ce n’est pas le cas de la deuxième division qui ne reprendra que le 6 mars dans un tout nouveau format à deux poules de 6 équipes. Ainsi, Owen Farrell, Maro Itoje, Billy Vunipola, Elliot Daly ou encore Jamie George n’ont pas joué depuis plus de deux mois…

Un plan de jeu critiqué

Évidemment, les écossais ne doivent cette victoire historique qu’à leur immense engagement mais on peut se questionner sur l’état de forme d’une équipe anglaise déjà pointée du doigt avant le début du Tournoi. Souvent critiqué pour ses méthodes, Eddie Jones l’est également sur sa stratégie. Si le jeu anglais fut loué, notamment lors de la Coupe du Monde à la suite d’une impressionnante demi-finale contre les All blacks, il est, aujourd’hui, fortement remis en cause. D’anciens internationaux militent pour une évolution d’un plan de jeu tournant essentiellement autour de l’occupation au pied. Mike Brown, ancien arrière, estime que le jeu de l’Angleterre est déséquilibré : « Il faut que l’Angleterre utilise enfin ses armes les plus dangereuses. Qu’elle attaque. Je n’en peux plus de ce jeu au pied de pression incessant et je suis sûr que les gens devant leur écran, chez eux, n’en peuvent plus non plus. L’Angleterre doit enfin évoluer dans son plan de jeu et offrir plus de munitions à ses arrières les plus créatifs, sur les extérieurs. Je pense à Jonny May, Anthony Watson ou Henry Slade qui peuvent être insaisissables. Pour le moment, nous n’utilisons que la moitié des joueurs sur le terrain. Il est temps de partager cette charge et de donner le ballon à ces arrières. Il faut que les fans trouve quelque chose qui les excite vraiment. »

Lawrence Dallaglio, ancienne gloire de la Rose, s’est également exprimé sur la prestation de son ancienne équipe : « il y a un problème d’état d’esprit […] Bien sûr, il manquait quelques joueurs clés mais ce n’est pas une excuse pour sortir une performance abjecte ». Désormais, les anglais devront se racheter face à l’Italie la semaine prochaine pour rester en course avant un déplacement, déjà décisif, au Pays de Galles.